Le bombardier Brun

Né le 21 mai 1946 d’un père afro-américain à Munster en Allemagne de l’ouest, Erwin Kostedde est un joueur phare de l’histoire de Laval. Bien qu’il n’ait participé à la célèbre aventure européenne du club, puisqu’il partira bien avant, et ne disputera qu’une saison, il reste la première star lavalloise de division 1.

Joueur à la carrière totalement atypique, il vint à Laval alors qu’il venait d’arrêter sa carrière à l’âge de 33 ans, age où peu de club considèrent qu’il faut les recruter, avec de plus le risque de prendre une place de joueur étranger (à l’époque l’arrêt Bosman n’existait pas et les clubs ne pouvaient aligner que deux joueurs étrangers).

Recommandé par George Tripp, ancien joueur allemand du stade lavallois, mais également soutenu par son palmarès dont 3 titres de Champion de Belgique avec le Standard de Liège (dont une fois meilleur buteur), de doublure de Gerd Muller dans la « Mannschaft », il signe pour 1 an et débarque à Laval pour la saison 1979-1980.

Michel Le Milinaire, son entraineur, n’aura pas à le regretter. Ses statistiques de 34 matchs dont 27 joués en totalité, ses 21 buts (dont 4 penalties), un titre de meilleur buteur du championnat (ex-aquo avec Delio Onnis) et accessoirement un carton jaune.

Ses problèmes d’adaptations, Kostedde ne vivait pas à Laval, ne furent pas un frein à sa réussite. Il avait, en effet, trouvé un accord avec le club. Il s’entrainait la semaine en Allemagne, venait à Laval le vendredi soir, jouait son match le lendemain, en Allemagne le dimanche rejoindre sa femme.

Victime d’insultes raciales lorsqu’il jouait dans les années 1970 par le public, il fut néanmoins le premier joueur métis à jouer dans l’équipe nationale de RFA ; il aurait certainement pu devenir l’un des plus grands joueurs allemands s’il avait été mis dans de bonnes conditions. Ainsi déclara-t-il : « Tout le monde ne m’aimait pas. Je pourrais le dire. Certains ne m’ont pas parlé du tout. »

Après son rapide passage à Laval, il repartit terminer sa carrière en Allemagne. Le « bombardier brun », un surnom qu’il n’appréciait pas, permit au Werder de Brême de remonter dans l’élite.

En 1990, rattrapé par son destin, il est arrêté pour vol à main armée et a passé des mois en détention avant d’être acquitté. Pour un emprisonnement injustifié, il reçut 3 000 Deutch Mark à titre d’indemnisation. L’enquête a été faite à charge ; l’exemple le plus flagrant fut que lors d’un tapissage, seul Kostedde a été présenté à un témoin. Les enquêteurs se justifièrent ainsi : « Nous pensions qu’il était impossible de trouver cinq autres personnes de couleur dans la région de Coesfeld ». Lui qui avait perdu ses économies par un conseiller aux placements véreux vivra alors comme professeur de sport.

Il vit toujours en Allemagne même s’il déclarait « 80 % des Allemands sont des gens formidables, mais 20 % ne veulent rien de bon à des gens comme moi ».

A propos de H. V.

En tant qu'auteur spécialisé, je décrypte tactiques, performances et moments forts, j'offre aux lecteurs une immersion approfondie dans l'univers fascinant du football. Préparez-vous à explorer le sport sous un nouvel angle à travers mes articles.

A voir aussi

Existe-t-il un problème des binationaux ?

Puskas joua pour deux sélections lui aussi.

QUIZ de novembre

vive l'Europe

La critique est facile, aurait-il dit.

pas toujours agréable les clashes !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
Follow by Email
LinkedIn
Share